Nous vous partageons l’article de Clémence NAYRAC pour HOSPIMEDIA faisant suite aux journées de l’ANMTEPH.
Voici le lien vers l’article original : https://www.hospimedia.fr/
Dans le cadre des journées de l’ANMTEPH, l’importance de la démarche participative dans la qualité de vie au travail mais aussi dans la santé des soignants a été mise en lumière par plusieurs acteurs. L’association insiste aussi sur la prévention.
La démarche participative est un levier de la qualité de vie au travail et par ricochet de la santé des soignants. Tel était le message porté, ce 21 septembre, par l’Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH) dans le cadre de ses 59 journées nationales de formation sur la santé au travail dans les établissements de soins et médico-sociaux. Les Pr Olivier Claris et Philippe Colombat ont tour à tour rappelé l’importance de cette démarche pour impulser à la fois efficience des soins et bien-être au travail.
Un management « participatif mais directif »
Le premier était présent pour évoquer ses recommandations pour la gouvernance hospitalière (lire notre article). Après deux rapports en 2020 et 2021, Olivier Claris est désormais en charge d’une analyse concernant le tandem médico-administratif, dans le cadre d’une mission confiée par le président de la République en février dernier. Son rapport a été officiellement remis en juin et les conclusions devraient être dévoilées « dans les toutes prochaines semaines », a indiqué le ministre alors en charge de la Santé, François Braun, dans le cadre de Santexpo en mai dernier. Ces mesures tendront, souligne Olivier Claris, vers le renforcement de l’échelon du service.
Quatre priorisations sont mises au jour : la lisibilité du circuit de décision, l’articulation engagement/responsabilité, le respect des parties prenantes du process de décision, et enfin l’opérationnalité du dispositif, notamment les dispositifs de formation à mobiliser. Le service apparaît comme « la pierre angulaire » de l’hôpital, dirigé par un cadre de santé et un médecin « sans lien hiérarchique ». L’accent au sein de ce service est mis sur l’importance de la mise en place d’un management « participatif mais directif ». Cette proposition a déjà été déclinée dans le cadre de la circulaire née des premiers rapports et diffusée en août 2021. »Favoriser la démarche participative et le fonctionnement médico-soignant » était ainsi l’une des mesures visant la simplification administrative.
Un manque de volonté politique ?
C’est ce qu’a rappelé également Philippe Colombat. Le président de l’Association pour la qualité de vie des soignants (Aquavies), également chercheur en psychologie, a insisté sur le fait que la démarche participative est « un levier de la gouvernance au service de la qualité de vie au travail (QVT) ». Il a remémoré que la qualité de vie au travail des professionnels de santé et directement liée au management de proximité et passe par la reconnaissance, la justice, le soutien organisationnel et à l’autonomie. Philippe Colombat a ainsi présenté le modèle porté par son association. Il repose sur la mise en place d’espaces d’échanges et sur la démarche projet.
Staffs pluriprofessionnels, formations internes aux équipes, soutiens aux équipes notamment dans le cadre de staff de débriefing situation de crise, espaces d’échanges regroupant médecins et cadres du service et groupe de travail sont au cœur de cette démarche. « Il s’agit en quelque sorte de la transposition de la circulaire Claris. Les études prouvent l’impact positif de la démarche participative, on sait que ça marche, c’est rendu obligatoire, et pourtant personne ne le fait », déplore Philippe Colombat. Il pointe un manque de temps et une culture française encore trop hiérarchisée. « Il y a surtout un manque de volonté politique. Mais peut-être que c’est en train de changer… » reconnaît-il, se tournant vers le Dr Philippe Denormandie, présent pour évoquer la mission sur la santé des soignants.
De la QVT à la santé des soignants
De la QVT à la santé des soignants il n’y a en effet qu’un pas : alors que la mission sur la santé des soignants a rendu copie, le sujet était lui aussi au cœur des échanges ce 21 septembre. La feuille de route, attendue initialement avant l’été, devrait être dévoilée avant le 15 octobre. Philippe Denormandie en a dévoilé les grands axes. Il est question d’intégrer le sujet de la santé des professionnels du secteur comme « priorité » du système de santé publique, « à tous les niveaux » et en impliquant, comme dans la QVT, l’ensemble des acteurs.
Cela repose notamment sur la valorisation des initiatives de terrain, la communication et la sensibilisation dès la formation. Des indicateurs qualité seront mis en place. Il est plus largement question de repenser l’offre de la prévention. Cela passera entre autres par la promotion des programmes de prévention auprès des professionnels du secteur et implique aussi de repenser l’organisation et l’offre de médecine de santé au travail. Parmi les mesures concrètes devrait figurer la mise en place de centres de santé dédiés aux professionnels du secteur, indépendants des établissements. Il est aussi important, selon Philippe Denormandie, de repenser l’architecture du financement de l’accès à la prévention et aux soins des professionnels. Il est enfin « impératif » d’instaurer un pilotage dans le temps, à la fois national et local. Quelle place pour les services de santé au travail dans ce contexte ? En ouverture de ces journées, la présidente de l’ANMTEPH, la Dr Alice Alvarez, a rappelé l’importance du rôle de ces services dans la prévention primaire. « Nous sommes bien sûr d’accord pour prôner la santé publique auprès des professionnels des hôpitaux mais notre cœur de métier reste la prévention des risques associés au travail », confie-t-elle à Hospimedia. Dans l’attente de la feuille de route sur la santé des soignants, la présidente espère que cette dimension ne sera pas écartée et que les « moyens et objectifs » seront à la hauteur des attentes des hospitaliers.
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